* « L’action l’emporte sur la compassion »

Une exposition du 29/06 au 24/08 au vieux clocher de Latourlandry
dans le cadre de Art et Chapelles en Anjou 2025

Entrée libre les vendredis de 14h à 19h, les samedis, dimanches et jours fériés de 10h à 13h et de 14h à 19h

Démarche artistique empreinte de corps fragiles triomphants, réparant les malheurs de la nature, en couleurs et en beauté.

Je suis artiste, peintre et plasticien, passionné par les couleurs et la nature depuis toujours. Pour l’exposition « Arts et chapelles » au vieux clocher de la Tourlandry, je vous propose un travail artistique qui explore l’anthropocène et l’action humaine comme voie de rédemption et de réparation envers la nature.

L’astrophysicien et grand protecteur de la nature Hubert Reeves disait : « L’Homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un dieu invisible et massacre une nature visible ! Sans savoir que cette nature qu’il massacre est ce dieu invisible qu’il vénère ! »

Cette phrase m’a profondément inspiré, et j’ai souhaité l’illustrer et la porter comme un étendard à travers mon art.

Mon travail sur l’anthropocène est accompagné d’une réflexion éthique, citant des actions qui permettent à chacun d’agir pour favoriser un équilibre naturel entre notre espèce, les autres êtres vivants et notre monde qui est notre corps extérieur à tous. Ce projet s’inspire de métaphores religieuses et emprunte leur langage, sans pour autant être un acte religieux ou un blasphème. La figure de la Pietà, traditionnellement symbole de douleur, de compassion face à l’impasse de la vie humaine, est ici revisitée. Je ne la vois pas comme une simple accompagnatrice compatissante, mais comme une incarnation de l’espoir et de la résilience féminine.

Je souhaite présenter des Pietàs se souvenant de leur fragilité humaine face à la souffrance et la mort. Mais des Pietàs qui portent désormais des messages incitant à l’action destinés à l’humanité, car seules les femmes peuvent aujourd’hui endosser le rôle de rédemptrices de notre espèce vis à vis du monde après l’échec et le déni des hommes. Leur corps nu n’est plus un signe de fragilité, mais un étendard, un blason et une force pour réparer le monde. Elles incarnent la puissance et la détermination nécessaires pour nous guérir, nous et notre planète et rétablir l’équilibre naturel.

Merci à l’association Art et chapelles de leur invitation à exposer ce travail dans ce lieu chargé d’histoire, souvent tragique, comme un écho au chaos du monde.

Les oeuvres exposées

Ma démarche

Ma pratique artistique a toujours été motivée par un profond besoin d’exprimer un flux poétique protéiforme qui m’habite et qu’il m’a fallu canaliser au travers d’une démarche en mouvement. Aussi loin que je me souvienne, j’ai été guidé par cette rivière jamais tarie d’images, de mots, de mouvements et de couleurs, beaucoup de cette couleur qui couvre mon travail.

Ma démarche est intimement liée à ce que j’abrite tout au fond, un espace intérieur qu’il m’a fallu explorer au fil du temps, au travers de l’analyse, l’expérimentation, la pure expression, les excès, la raison, la planification…  il en résulte un travail d’exploration et de cartographie intime, tout à la fois.

Ma démarche vise à organiser la visite de mes mondes, à les montrer, inviter au voyage d’une nature rêvée et vraie, de corps pleins de sens, de couleurs éclatantes, de poésie chaleureuse et riche de pensées.

Depuis quelques temps j’utilise la peinture réelle ou numérique pour exposer ce flux d’images et de mots très peu formels. J’utilise donc un langage accessible, qui s’approche de la figuration, afin de donner à voir mes émotions à un public qui apprécie les paysages qu’ils voient, même chargés de parts d’abstraction et de mystères que j’ajoute, mais qui ressemblent à des mondes connus, rassurants de ce monde qu’ils connaissent, les paysages familiers…

Comme un jeu ou comme une foi, à l’inverse de la démarche des peintres du réel, j’affirme le faux pour montrer le vrai : je montre des paysages inventés pour prêcher des émotions réelles, j’utilise des costumes connus pour incarner des métaphores et du sens. Ces costumes naissent de mélanges de photos posées avec des modèles, travaillées à palette graphique… des décors via des IA que je nourris de mon style de peintre… des paysages en peinture et de pastels numériques… le tout est imprimé et retravaillé en peinture réelles, des huiles, des acryliques, chargées de dessins, de collages et de bricolages infinis.

Jusque récemment mon travail avait une vocation purement émotionnelle, il abritait poésie et couleurs. A force de pratiquer un jeu de construction formelle et de raffiner un style devenu brouillage, je ressens désormais qu’il m’est possible de compléter ma pratique en y ajoutant du sens, et intégrer à la forme un message qui m’habite et m’anime. Personnifier l’humanité et la nature, les natures des êtres et choses dans leur interaction intime. Je veux donner à une nature sans voix belle ou délabrée, vivante ou morte, l’opportunité d’exprimer sa détresse aux humains… de prescrire aux humains des commandements et des rôles, afin de réintégrer notre expèce dans le monde !

Depuis l’âge de l’écriture, l’art religieux a pu jouer ce rôle de régulateur des rapports au monde. Il a théorisé l’origine, métaphorisant comment habiter le monde, malgré la douleur à être. L’art religieux a relayé les rôles, les responsabilités de chacun à une époque où l’impact de notre espèce restait marginal au sein du monde et de ses autres habitants, vivants ou choses. L’espèce humaine consciente de sa vulnérabilité, se remettait aux dieux et suivait les recommandations de cultiver son jardin sans se soucier d’autre chose que sa perpétuité.

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Depuis peu, quelques siècles à peine, notre espèce envahie de son propre progrès, débordante d’immortalité et de domination, a oublié son ancienne existence, son ancienne place, sa résilience et sa fragilité qui n’impactait le monde qu’à l’égale des autres vivants.

Aujourd’hui aucun argument ne semble infléchir l’envahissement du monde de nos cauchemars consuméristes, canibalisant la nature, étalant nos déchets infinis, notre incommensurable orgueil violent producteur de chimères.

Je me sens dépositaire culturel du langage de cet art ancien, et ce lieu que vous me prêtez joue inévitablement un rôle de révélateur. Cet art et ses codes peuvent potentiellement jouer un rôle encore, conduire une énergie, une chaleur douce qui irriguerait les cortex plutôt que les striatums humains. Je veux essayer par son truchement, de formuler le rappel de ce qui porte l’harmonie dans le monde.

Je propose, au travers du prétexte de l’ exposition «gesta praecedunt pietatem» («l’action l’emporte sur la compassion», dans le cadre de Arts et chapelles en Anjou), un travail sur l’anthropocène, accompagné d’une parole morale citant des actions permettant de retrouver un équilibre naturel entre notre espèce, les vivants et toutes les choses. Un travail qui s’inspire de métaphores religieuses et empruntant leur langage, sans que jamais il ne faille confondre ce travail avec un accte religieux. La figure de la piétà incarne habituellement douleur et échec de la vie humaine, la mère comme uniquefonction d’accompagnatrice compatissante de la vie de sa projéniture, et pourtant première incarnation d’un espoir. Je ne la vois plus comme cela.

Je souhaite présenter des pietàs nues, car c’est leur rôle désormais est de réincarner la fragilité du corps, comme jadis leur fils décroché de la croix. Des pietàs désormais porteuses de messages à destination des humains, comme jadis leur fils portait le message, car seules les femmes peuvent prendre le rôle de l’action de réparation du monde après l’échec des hommes. Des femmes dont le corps nu n’est plus fragile, il est leur étendart, leur blason et leur force pour réparer le monde.

Au travers de cette force agissante des pietàs modernes, la nature nous rappelle ses besoins, ses demandes, sa voix : 4 commandements que la nature-dieu, avec compassion, implore de réaliser par les humains :

  • Chaque jour tu porteras lumière et chaleur pour chacun
  • Tes eaux lieront le monde, les êtres et les choses
  • A chaque instant ton souffle portera le message de la vie
  • De tout ton corps tu feras pousser le monde

Au travers de ces pietàs, je souhaite également faire écho à la force et la résilience de lieux chargés de douleurs, incendies, guerres, tant de drames vécus. Mais surtout je souhaite la montrer elle, madonne humaine, femme universelle débarrassée de son corps unique de mère, de son corps érotisé et scopique, prendre la parole comme jadis les sibylles, porter un corps catalyseur des rapports à la nature et aider les autres humains à  la réintégrer en conscience. La pietà comme figure de la maïeutique d’un monde épanoui à reconstruire.

En conclusion «Gesta praecedunt pietatem» proposera un voyage intérieur dans un paysage onirique qui ressemble à la nature que l’on connait, dans laquelle nous nous diluons, nous et notre fragilité. Ce sera un voyage dans l’empreinte de notre culture qui ne se résumera bientôt plus qu’à la trace de nos ordures, de nos constructions complexes souvent destructives, en contradiction avec la fluidité du vivant. Ce sera aussi une ode à la beauté, à l’incarnation, à la splendeur de la nature, au fleurissement du monde, à la force vitale de redevenir des participants au monde. Je souhaite proposer un guide qui sera comme le rebord de notre enveloppe fragile, une peau fine qui chante l’équilibre et la liberté des paysages et des eaux en contrepoint de notre légende qui n’existe qu’au travers d’un drame que nous sommes les seuls à porter.

Vidéo de l’exposition

Qu’est ce qu’une pietà ?

La Pietà est un thème artistique de la sculpture et de la peinture chrétienne représentant Marie en Mater Dolorosa (expression latine signifiant mère des douleurs), mère pleurant son enfant qu’elle tient sur ses genoux, en l’occurrence pour les chrétiens, le Christ descendu mort de la Croix avant sa mise au tombeau, événement placé avant sa Résurrection, précédant son Ascension. Elle symbolise la compassion et la tristesse, mais aussi sa passivité devant l’état inéluctable de la mort.

Pourquoi ré imaginer le rôle et le symbole des pietàs ?

Le contrat avec l’association était de travailler en écho au lieu prêté. De façon évidente la pietà sculptée présente sur place avait une telle force qu’il m’était impossible de ne pas travailler sur le thème. Le caractère passif laissé à cette figure du monde catholique m’a toujours dérouté… comme une injonction des femmes à porter ce poids, cette charge de la compassion passive. Pour moi le rôle des femmes est ouvert et doit être mis en avant, il doit être éclatant. Cet éclat doit passer par l’action, car chacun dans le monde doit trouver son rôle au service du commun et à son propre service. J’ai imaginé 4 rôles comme exemples, 4 femmes suivant 4 commandements de la nature notre commun dont nous faisons partie :

La lumière : Chaque jour tu porteras lumière et chaleur pour chacun

L’air : A chaque instant ton souffle portera le message de la vie

L’eau : Tes eaux lieront le monde, les êtres et les choses

La terre : De tout ton corps tu feras pousser le monde

Conscience et déni

Le tableau qui ouvre l’exposition se nomme « Conscience et déni », il représente une femme au milieu de la dévastation du monde qui l’entoure, une femme comme l’ancien symbole de la pietà, passive, triste et compatissante envers ce monde abîmé qui l’abîme elle même. Parfois la conscience d’un phénomène engendre le déni et la passivité. Le déni désigne un refus de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui constitue une protection nécessaire devant la réalité si angoissante qu’elle peut provoquer un effondrement psychique. C’est ce déni vis à vis de la nature qui doit être dépassé… par l’action. C’est ce point de départ qui me permet de proposer une voie au travers des 4 pietàs triomphantes qui l’entourent : agissons pour réparer et protéger car ce que l’on abîme nous abîme et ce que nous réparons nous grandit, nous répare et nous éveille.

L’exposition par elle meme va probablement provoquer du déni qui prendra de nombreuses formes. La force du déni c’est sa capacité de résistance protéiforme.

L’artiste et le « sacré »

L’art se nourrit du sacré depuis toujours, au-delà et en deçà du sentiment religieux. Le sacré utilise cet attrait à son bénéfice également car le travail artistique lui permet rendre visible une promesse. De nombreux artistes athées revendiquent, afin de servir leur intention, une inspiration de l’ordre du sacré, de l’élévation, de l’illumination intérieure, c’est ici mon cas. Par-delà les mots, le rôle de artiste est de provoquer des émotions, de tracer par les sens une trajectoire existentielle au delà du matériel.

Le nu féminin ?

Les nus représentés ne sont pas des nus sexualisés ou érotisés, ni des corps objets… mais des corps qui se sont débarrassés de leur nature d’objet justement, de leurs fioritures artificielles qui les abiment. Ces nus je les veux comme un signe d’humilité vis à vis de la nature, et la réappropriation de son corps comme vrai élément de la nature. Il faut s’assumer comme être vivant naturel afin de mieux réparer ce monde abîmé. 

Qu’est ce que j’attends des visiteurs à la sortie de cette exposition ? 

Que l’émotion ressentie leur permette un cheminement intérieur qui puisse aboutir à la foi (dans l’homme, dans la nature , dans l’action, dans soi-même) 

Je veux profiter de la force et de la symbolique du lieu pour porter mon message et amener à la transfiguration, comme une semence artistique et intellectuelle.

 

Quand ai-je pris  conscience ? 

Du fait de mon vécu  j’ai eu l occasion de voir la dégradation de la nature et la beauté de perdre. 

Depuis quand peints tu la nature ? 

J ai le mm parcours que chacun dans le déni et la conscience ( roule en SUV vs tri les déchets ) et conscient de ce paradoxe depuis très longtemps

J ai toujours écrits sur ce thème et je peignais de la nature . 

Je voulais cette fois le mettre en peinture , le rendre visible plutôt que lisible

C est quoi l étape d après ? 

Rédiger une constitution universelle sur les droits des etres et des choses 

Les etres c est animés , les choses ( la tesont inanimés . 

  Qu’est ce qui vous a convaincu de poser et participer ?

Pietà de la lumière

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Pietà de l’air

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Pietà de l’eau

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Pietà de la terre

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